Vous rêvez de cultiver un potager mais vous n’avez pas de jardin ? Vous désespérez devant les années d’attente pour avoir un lopin de terre dans le jardin partagé de votre quartier ? Et si à deux pas de chez vous un jardin en friche n’attendait que vous ? Connaissez-vous le cojardinage ? Chantal Perdigau a eu l’idée géniale de créer en 2011, « Savez-vous planter chez nous ». Un site qui met en relation jardin et jardinier.
Votre site « Savez-vous planter chez vous », propose de faire du cojardinage. Pouvez-vous nous expliquer le concept ?
« Savez-vous planter chez nous » met en relation des personnes qui acceptent de prêter leur jardin avec des personnes qui n’ont pas de jardin mais qui ont très envie de cultiver un potager. C’est ce qu’on appelle le cojardinage comme l’on ferait du covoiturage. C’est un échange vraiment gagnant-gagnant. Les propriétaires prêtent leur jardin en échange d’une partie des récoltes ou d’une aide pour entretenir le jardin.
Où se trouvent vos jardins ?
La grande majorité des jardins sont en périphérie des villes. Certains sont en plein centre de grandes villes. Nous avons quelques pépites en plein cœur de Paris. Nous en avons moins à la campagne. Au fur et à mesure que le concept s’est développé, nous avons aussi vu des personnes qui recherchaient des terrains pour installer des ruches. Ce n’est certes plus le potager mais on reste dans le jardin, la biodiversité et la nature. On a aussi une rubrique sur le site un peu plus récente qui permet d’échanger des graines.
Comment avez-vous eu cette idée géniale ?
J’ai créé ce site en 2011. J’ai eu l’idée en regardant mon entourage. J’ai grandi dans une maison avec un grand jardin mais on n’avait pas de potager. En grandissant, j’ai vu que d’autres personnes étaient dans ce cas. Ils avaient un jardin mais ne l’utilisaient pas pour faire un potager. A l’inverse, j’avais des amis qui jardinaient sur leur balcon ou qui cherchaient un lopin de terre et qui n’arrivaient pas à en trouver un. C’est comme cela que j’ai eu l’idée.
Comment avez-vous fait connaître « Savez-vous planter chez nous » ?
Comme je suis Toulousaine, j’ai contacté quelques journaux locaux pour leur parler du concept. J’ai eu comme cela quelques articles dans la presse qui ont déclenché les premières annonces. Puis très vite, il y a eu un effet boule de neige. Le bouche à oreille à fonctionner. Le site a rencontré tout de suite du succès. Certains blogs en ont parlé, des émissions de radios aussi. Très rapidement nous avons eu des annonces partout en France et même en Guadeloupe, à la Réunion. Puis on a ouvert le concept à la Suisse, Belgique, Luxembourg, toutes les parties francophones et maintenant on a des annonces dans la partie francophone du Canada.
Comment expliquez-vous ce succès ?
Il y a d’abord l’envie de mieux s’alimenter et puis l’économie du partage se développe. Mais surtout pour obtenir une parcelle dans un jardin partagé, cela peut mettre des années ! A Toulouse il faut attendre 5 ans. Le cojardinage est un moyen rapide de pouvoir jardiner. Parfois les gens mettent seulement une semaine pour trouver un jardin ou un jardinier.
Faut-il payer pour mettre une annonce ?
Non pas du tout. Le site est entièrement gratuit !
On peut voir une rubrique choux-choux sur le site ? Qui sont ces choux-choux ?
Nous avons mis en place un système de sponsoring original pour financer les dépenses liées au site. On présente dans cette rubrique des professionnels du jardin qui vont payer une petite adhésion pour apparaître sur le site. On cherche avant tout à mettre en avant des professionnels originaux qui s’inscrivent dans les valeurs du site. Des producteurs locaux de plantes : carnivores, cactus, aromatiques, plantes potagères. Des artisans qui font des poteries, de la déco, des serres…
Vous m’avez dit être un site militant. Pourquoi militez-vous ?
Nous voulons inciter les gens à changer leur alimentation et aussi leur choix de consommation. C’est pourquoi nous les orientons vers des petites structures. Nous voulons soutenir les producteurs français qui ont une démarche environnementale.
C’est pourquoi dans la rubrique « choux choux » nous mettons un coup de projecteur sur eux pour inciter les jardiniers à se fournir auprès d’eux. On n’a pas toujours le réflexe producteur. Et la plupart du temps, ils ne savent pas qu’il y a des producteurs de plantes près de chez eux. Or, se fournir chez eux, c’est avoir une vraie démarche environnementale. Ils produisent des plantes adaptées au climat de la région où ils se trouvent. Elles n’ont pas fait des milliers de kilomètres et elles ne sont pas plus chères. Et cerise sur le gâteau, les clients bénéficient des conseils d’un pro. Nous aimerions devenir un peu le guide du routard du jardin en proposant des adresses insolites. Nous espérons un jour être aussi connu pour cet annuaire que pour le cojardinage.
Quelle suite, amélioration ou quel développement avez-vous envie de voir dans les prochaines années ?
On aimerait faire une application un jour même si le site est parfaitement accessible sur les portables. On voudrait aussi développer le site au Canada parce qu’il y a un engouement là-bas pour le jardinage urbain. On espère surtout faire connaître de plus en plus le concept afin que les gens pensent cojardinage comme ils pensent covoiturage.
Une belle histoire à nous raconter pour terminer ?
Oui il y en a plein ! Nous avons par exemple le propriétaire d’un jardin passionné d’apiculture qui a vu sur le site qu’une personne à 10 minutes de chez lui cherchait un terrain pour installer une ruche. Ils se sont contactés et ont matché. Aujourd’hui, ils ont 5 ruches. L’apiculteur donne des cours d’apiculture au propriétaire et ils ont partagé cette année leur première récolte de miel. Ils ont même invité les voisins à venir participer à la récolte du miel.
Allez une dernière pour la route ! A Toulouse, une personne en reconversion en agro-écologie est arrivée dans un jardin en friche. Aujourd’hui c’est un jardin magnifique en permaculture avec plein de plantations, des hôtels à insectes. Ces échanges durent dans le temps et finissent souvent en belle histoire d’amitié.
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