NeoFarm : l’alliance de la tech et de l’agroécologie
Cette semaine, je vous emmène à Saint-Nom-la-Bretèche. La journée s’annonce magnifique et en 20 minutes, j’ai quitté Paris pour les petites routes départementales des Yvelines. Je me demande un peu où va me mener le GPS. Finalement un panneau discret sur la droite annonce que ma destination n’est plus très loin : NeoFarm. Cette ferme péri-urbaine installée à deux pas de la ville de Plaisir a été créée par Alexia Rey et Olivier Le Blainvaux.
De loin, la grande serre blanche et le champs d’1 hectare ne semblent pas présenter d’originalité particulière. En réalité, cette ferme pilote high tech est unique en son genre. L’idée des deux entrepreneurs ? Réunir agroécologie et outils technologiques pour tenter de répondre à 3 défis majeurs des prochaines années :
- le développement d’une agriculture respectueuse de l’environnement
- la relocalisation de l’alimentation près des villes
- redonner envie aux nouvelles générations de pratiquer le métier de maraîcher en allégeant leur charge de travail et en leur permettant de vivre dignement de leur activité.
Vous êtes curieux d’en savoir plus sur NeoFarm ? Pour visiter le site, j’ai rendez-vous avec Pierre-Emmanuel, maraîcher dans la start-up et Alexia, co-créatrice du concept.
Pierre-Emmanuel, jeune maraîcher de 27 ans, travaille chez NeoFarm depuis un an. Grelinette en main, le jeune homme m’explique que le métier de maraîcher n’a pas toujours été une évidence. Après une année d’école d’ingénieur généraliste à Nantes, il s’est vite rendu compte qu’il n’avait pas choisi la bonne filière. « J’avais envie de trouver quelque chose en lien avec la nature », m’explique-t-il. Il décide alors de partir au Canada faire une formation d’ingénierie forestière. « Au bout de deux ans, je me posais toujours des questions. Les études étaient intéressantes mais je me rendais compte qu’elles menaient à des postes qui ne correspondaient pas à mes attentes. J’allais devoir rester la plupart du temps derrière un bureau alors que j’avais envie d’un métier de terrain. »
Dans une ferme au Canada, il découvre la permaculture et l’agroécologie
Un été, il part faire du wwoofing pendant un mois dans une ferme bio de l’ouest canadien. Un lieu magnifique entouré de montagnes dans lequel Pierre-Emmanuel se sent à sa place. « J’étais finalement assez déçu par ma formation. Avec ces agriculteurs canadiens, j’ai découvert la permaculture et l’agroécologie. Nous discutions beaucoup et je trouvais ces techniques agricoles respectueuses de la nature passionnantes ». Cette expérience est décisive. Alors qu’il a encore deux années d’étude devant lui, il décide de rentrer en France pour passer un BTS productions végétales à Agro Sup Dijon (CNPR).
« A la fin de mon BTS, je ne me sentais pas les épaules pour m’installer tout de suite. C’est pourquoi j’ai cherché un poste dans une ferme et trouvé ce travail chez NeoFarm. J’étais très curieux de découvrir cette start-up qui allie l’agroécologie et la robotique ».
NeoFarm s’appuie sur un modèle agricole durable : l’agroécologie
A l’extérieur, l’équipe de NeoFarm travaille sur un hectare de terre plein champs sur le principe de l’agroécologie. « L’agroécologie est un modèle de production agricole durable qui s’appuie sur les services offerts par les écosystèmes naturels. Nous utilisons des auxiliaires comme les coccinelles pour réguler les maladies. Le travail du sol est différent. Je passe la grelinette pour aérer le sol. Nous plantons aussi des haies et des fleurs mellifères pour attirer les abeilles. Nous faisons beaucoup de cultures différentes sur une même planche. Là par exemple, il y avait des salades et je vais maintenant planter des radis. Sur une année, nous cultivons 4 ou 5 cultures différentes sur une même planche. »
NeoFarm veut réduire la pénibilité du travail grâce à la robotique
En revanche pas l’ombre d’un robot à l’horizon. Pierre-Emmanuel m’emmène sous la serre. C’est là qu’opère le portique robotisé installé au-dessus des cultures. Deux ingénieurs travaillent encore à son amélioration. Ils sont entrain de tester le microculteur qui est un outil de préparation du sol. « Celui-ci fonctionne en toute autonomie mais nous utilisons d’autres outils qui se font en collaboration avec le maraîcher comme la repiqueuse », précise Pierre-Emmanuel.
Un homme seul met deux heures à repiquer les salades. Le robot met 20 minutes.
« Si je plante seul de la mâche sur une bande de terre de 23 mètres sur 80 cm, je vais mettre environ deux heures. Avec la repiqueuse, le travail est terminé en 20 minutes. Ce gain de temps nous permet de mieux prendre soin des cultures, d’avoir une meilleure gestion de l’irrigation, de pailler… L’homme garde les tâches les plus gratifiantes et les plus délicates comme les récoltes » détaille-t-il. Pour nous aider dans la gestion des tâches, les ingénieurs ont également mis au point une application. Chaque matin, nous nous connectons à l’appli et nous nous répartissons les travaux de la journée. »
Avec NeoFarm, nous essayons de concevoir des solutions technologiques qui permettent à l’agroécologie d’émerger, de se développer et d’attirer une nouvelle génération d’agriculteurs
Les objectifs de NeoFarm
Développer une agriculture locale et durable en zone péri-urbaine
Alexia Rey, jeune trentenaire, co-créatrice du concept vient nous rejoindre. « Avec NeoFarm, nous essayons de concevoir des solutions technologiques qui permettent à l’agroécologie d’émerger, de se développer et d’attirer une nouvelle génération d’agriculteurs », précise-t-elle. La forte pénibilité, les contraintes horaires qui prennent sur la vie personnelle, les faibles revenus et la précarité des emplois m’ont moi-même freiné pour me lancer. Après de nombreuses rencontres avec des maraîchers, je me suis demandé quelle agriculture pouvait être un modèle d’avenir pour répondre aux enjeux d’autonomie alimentaire et de relocalisation de notre alimentation en zone péri-urbaine. Le déploiement de fermes agroécologiques très productives est vraiment apparu comme une évidence.
Rendre le métier de maraîcher plus attractif grâce à la technologie
Olivier Le Blainvaux et moi avions tous les deux des expériences dans la tech. Nous nous sommes donc demandé si la technologie ne serait pas une solution pour rendre le métier plus viable et plus attractif. Nous espérons ainsi créer des vocations qui manquent tant dans ce secteur afin de déployer largement des fermes comme celle de Saint-Nom-la-Bretèche. C’est ainsi que l’alliance entre l’agroécologie et la technologie a vraiment pris tout son sens.
Proposer des exploitations clé en main partout en France
« Notre objectif est de proposer des exploitations clé en main partout en France. Nos prospects sont des agriculteurs mais aussi des collectivités qui veulent alimenter les cantines scolaires ou les crèches en légumes bio ou encore proposer à leurs habitants une alimentation locale de qualité. Les investissements de départ sont plus importants qu’une ferme classique mais le rendement est aussi plus important. En effet, l’agroécologie est une agriculture très productive sur de petites surfaces et la technologie permet de travailler plus vite avec moins de personnes sur l’exploitation. C’est un atout dans un secteur qui a de grandes difficultés à recruter. Cette année, nous avons déjà deux nouveaux projets qui vont sortir de terre en Ile-de-France.
Les maraîchers de NeoFarm sont en CDI et aux 35 heures
NeoFarm recrute actuellement des maraîchers pour leurs futures fermes. La start-up leur propose un contrat en CDI de 35 heures par semaine sur un temps de travail annualisé. L’hiver, ils ont plus de temps pour eux mais l’été, ils font plus d’heures. « Nous les formons aussi pendant 4 mois aux outils technologiques et aux techniques de maraîchage en agroécologie. Grâce à cette formation, nous pouvons recruter des profils en reconversion. De plus, le fait d’être situé à proximité des villes est un atout. Les salariés peuvent y vivre et venir travailler ici. »
C’est satisfaisant de produire des légumes de qualité, bio, pour bien nourrir les gens.
Pierre-Emmanuel, quant à lui, n’est pas déçu de son orientation ni de son expérience chez NeoFarm. « C’est un métier très concret. On voit la réalisation de nos actions. C’est beau de voir tous ces légumes pousser grâce à notre travail ! Je pense aussi aux consommateurs finaux. Produire des légumes de qualité, bio, pour bien nourrir les gens, c’est hyper satisfaisant. Je fais quelque chose d’utile. »
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