Sous les pavés de Paris… des champignons
Décidément l’agriculture urbaine ne cesse de me surprendre ! Cette semaine, ce n’est pas sur un toit que je vous emmène mais dans les sous-sols d’un parking de la porte de la Chapelle. C’est ici que Jean-Noël Gertz, fondateur de la start-up Cycloponics fait pousser une denrée devenue très rare à Paris : le champignon.
Comment êtes-vous arrivé à faire pousser des champignons ?
En 2012, lorsque je suis sorti de mes études d’ingénieur thermicien, il y avait une baisse d’activité dans le bâtiment suite à la crise de 2008. Je ne trouvais pas de travail. J’ai donc pensé que c’était le bon moment pour me reconvertir. Comme je n’avais pas envie de travailler derrière un bureau, j’ai cherché ce qui pouvait me plaire vraiment. Je me suis tourné vers l’agriculture. J’avais envie de faire de l’agriculture proche de chez moi pour nourrir les gens au plus près de leur lieu d’habitation.
Comment avez-vous eu l’idée de faire pousser des champignons dans un parking ?
Je cherchais du foncier à exploiter à Strasbourg, ma ville d’origine. Or, là-bas, il y a un patrimoine souterrain assez développé à cause des guerres mais laissé à l’abandon. J’avais envie de trouver des solutions pour en faire quelque chose. Je me suis demandé ce qui pouvait bien pousser dans des sous-sols sans jamais recevoir la lumière du jour ? Ça ne peut être que des plantes qui n’ont pas besoin du soleil donc qui n’ont pas de chlorophylle. C’est comme ça que je suis arrivé à l’idée de faire pousser des champignons et des endives. Ce sont aussi les deux seules cultures hors-sol autorisées à la certification biologique en Europe.
Vous avez donc démarré l’agriculture urbaine à Strasbourg ?
Oui, c’est cela. Nous avons créé la start-up cycloponics et nous avons commencé à cultiver dans une ancienne poudrière militaire de Strasbourg que nous avons appelé le « Bunker comestible ». Aujourd’hui nous avons les technologies pour faire pousser des plantes sous terre et sans lumière. L’espace ne faisait que 200 m2 mais nous avons eu du succès et la ferme existe toujours aujourd’hui.
Comment êtes-vous arrivé à Paris ?
Nous avons commencé à petite échelle à Strasbourg. Mais j’ai eu envie de faire quelque chose de plus grand à Paris. J’ai répondu à l’appel à projet des Parisculteurs (appel à projet organisé par la mairie de Paris pour développer l’agriculture urbaine dans la capitale). C’est en visitant le parking de la Porte de la Chapelle que j’ai rencontré Théo Champagnat, tout juste sorti d’une école d’agronomie néerlandaise. Le courant est passé immédiatement entre nous. Ensemble, nous avons proposé à la ville de Paris le projet de « La Caverne ». Nous avons gagné et La Caverne a été inauguré en avril 2018.
Ce lieu est immense, comment avez-vous fait pour le réhabiliter ?
Effectivement, l’espace ne manque pas. Nous avons 9000 m2 de sous-sol. Quand on l’a récupéré, le lieu était assez malfamé et très sale. Nous avons du tout démonter, tout nettoyer. Ca a été un travail énorme ! Aujourd’hui nous n’utilisons que 1200 m2 pour les champignons et 600 m2 pour les endives.
Quelles sortes de champignons cultivez-vous ?
Nous cultivons des Shiitake, des pleurotes et des champignons de Paris. Les champignons ont besoin d’eau et de 90% humidité. Ils poussent sur des bottes de paille. Le tout éclairé à la lumière artificielle. Nous sommes une quinzaine de salariés et 30 en haute saison.
Où peut-on trouver vos produits ?
Nous vendons nos champignons et nos endives dans les boutiques bios surtout dans le nord de Paris. Nous livrons nos invendus au restau du cœur et nous en donnons aussi aux habitants du quartier. Ils découvrent ainsi ces légumes qu’ils ne connaissaient pas.
Que faites-vous du reste du site ?
Le site est immense et nous n’en utilisons qu’une partie. Nous sommes donc en train de le transformer en hub. D’autres porteurs de projet comme Wesh grow sont venus s’installer ici. Nous développons et mutualisons d’autres services indispensables aux agriculteurs urbains comme la gestion des déchets, le conditionnement, la logistique, les chambres froides, le conditionnement et la transformation.
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