10 milliards à table : le tour d’Europe de l’alimentation durable
En 2050, la planète aura 10 milliards de bouches à nourrir ! Arrivera-t-on à manger sainement sans impacter la planète ? Trois étudiantes d’école de commerce ont eu l’excellente idée d’aller voir comment d’autres pays tentaient de répondre à ce défi. Julie, Juliette et Lucie vont donc partir faire un tour d’Europe de l’alimentation durable. Le but ? Rencontrer et aider des entrepreneurs qui, de la graine à l’assiette, innovent dans ce domaine. J’avais très envie d’en savoir plus sur ce super projet. J’ai rencontré Julie, l’une des initiatrices de cette belle idée.
Bonjour Julie, peux-tu m’expliquer comment est née cette idée ?
Lucie, Juliette et moi nous sommes rencontrées à l’ESCP (école supérieure de commerce de Paris). Nous avons toutes les 3 de près ou de loin des ancrages sur ce sujet. Ainsi, le père de Juliette a un magasin bio et elle passe en parallèle de ses études un CAP cuisine. Lucie a travaillé chez Candia et a toujours eu un engagement social. Elle travaille d’ailleurs en ce moment dans une association qui aide les réfugiés à Paris. De mon côté, ces sujets m’ont toujours intéressée. Nous nous sommes donc vite retrouvées toutes les trois sur cette thématique.
En tant qu’étudiantes, vous vous sentez concernées ?
Oui ! c’est un sujet sur lequel nous nous sommes beaucoup identifiées. En effet, en tant qu’étudiants, nous sommes tout le temps en train de faire des arbitrages entre bien manger, manger sainement et en même temps faire attention à notre budget. On en parle souvent entre potes. Il y a ceux qui mangent des pâtes tous les jours pour s’acheter leur bière le soir et ceux qui préfèrent mieux manger et y consacrer une plus grosse part de leur budget.
Où en êtes-vous dans vos études ? Est-ce votre dernière année avant le grand saut dans le monde du travail ?
Non, nous sommes en Master 1. Nous avons encore une année à faire. Mais comme beaucoup d’étudiants, nous avons décidé de faire une année de césure pour réfléchir à notre avenir. Nous avons envie, avant de rentrer sur le marché du travail, de mener un projet qui a du sens pour nous. Nous sommes une génération en recherche du sens dans son métier et dans la vie en général.
Vous partez 6 mois à travers l’Europe. Peux-tu m’en dire plus sur le projet ?
Notre objectif est d’aller à la rencontre d’entreprises ou associations qui travaillent sur les sujets d’alimentation durable. Nous aimerions au retour réaliser un documentaire à partir de ces rencontres et des travaux menés au sein de chaque projet.
Quels sujets en particulier allez-vous traiter ?
Le sujet est vaste et nous aurions pu nous focaliser sur un seul thème. Mais nous avons préféré nous en saisir dans sa globalité. Nous avons choisi d’aller voir toutes les bonnes initiatives qui se font ailleurs et qui pourraient être répliquées facilement en France. Nous allons rencontrer des porteurs de projet sur toute la chaîne de valeur de l’alimentation c’est-à-dire en allant de la graine jusqu’à la fourchette.
- Nous partons de la production : Comment nourrir l’humanité en produisant suffisamment d’aliments et en les produisant bien ?
- Puis nous verrons la commercialisation des produits : Comment les faire parvenir jusqu’aux consommateurs de façon écologique ?
- Nous irons ensuite voir du côté de la restauration avec la question : comment peut-on faire d’une chaine de fast food un restaurant durable ?
- Enfin, en bout de chaîne, nous étudierons le recyclage. Comment gérer les invendus alimentaires dans les magasins ?
Quels étaient vos critères de choix ?
Nos critères de choix se sont portés en premier lieu sur le caractère innovant de l’entreprise. Nous voulions découvrir un modèle différent qui réponde à la fois au défi écologique et au bien être social tout en apportant une réponse au défi démographique qui arrivera d’ici 2050.
Comment avez-vous trouvé ces entreprises ?
Nous avons regardé énormément de comptes rendus de voyageurs qui avaient exploré avant nous l’Europe. Nous cherchions à parcourir un éventail de pays assez large pour ne pas rester focalisé à un seul endroit. On aurait aimé trouver plus de projets dans les pays du sud. Il y a quelques initiatives mais pas autant que dans le nord de l’Europe. Nous avons contacté par mail une dizaine d’entreprises auxquelles nous proposions nos compétences pour remplir une mission de leur choix. Globalement elles ont accepté facilement car nous ne demandons aucune rémunération ni même d’aide pour le logement. Nous en avons sélectionné 4.
Qu’allez-vous faire concrètement ?
Nous allons travailler 6 semaines dans 4 entreprises correspondant à ces 4 maillons de la chaîne. Nous avons cerné avec eux leurs besoins et établi des missions à faire au sein de ces entreprises. Il était important pour nous d’avoir des projets réalisables sur ce temps imparti de 6 semaine afin de vraiment pouvoir aller jusqu’au bout de la mission et rendre un document qui leur sera, on l’espère, utile.
Où partez-vous et dans quelles entreprises ?
Finalement nous allons à Berlin, à Copenhague, à Oslo et enfin en Ecosse.
- A Berlin, nous aiderons l’association RealJunkfood à réaliser une campagne de crowfunding. Cette association récupère des invendus de supermarché pour les redistribuer à des associations.
- A Copenhague, nous partons dans une entreprise qui fait de la culture d’escargots et qui souhaite développer l’escargot comme alternative à la viande rouge.
- A Oslo, nous allons dans un restaurant dont le but est de développer une chaine de fast food durable et accessible financièrement. En parallèle, il mène une démarche sociale. Pour un repas acheté, l’entreprise offre un repas à un enfant. Nous allons réaliser pour eux une mission d’aide à la transition durable dans le restaurant.
- Enfin, notre dernière mission sera en Ecosse où nous ferons du Woofing dans les fermes bio.
Allez-vous en profiter pour découvrir d’autres projets ?
Oui ! Nous restons environ 6 semaines dans chaque pays pour mener ces projets mais on compte bien profiter de nos week-end pour essayer de trouver d’autres initiatives intéressantes. Entre chaque destination, nous ferons aussi des petits stops dans des fermes ou des entreprises qui nous semblent intéressantes à voir en route.
Comment voyagerez-vous ?
Nous ne voulions pas prendre l’avion pour des raisons écologiques évidentes. Nous avons songé au train mais les déplacements auraient été plus compliqués. Nous allons donc voyager en voiture car nous voulons pouvoir nous déplacer dans des endroits reculés. Mais en ville, elle restera au garage !
Que comptez-vous faire de tout ce que vous aurez appris au retour ?
Nous avons un site Internet : 10 milliards à table sur lequel tous nos amis et connaissances pourront suivre nos rencontres. Au retour, nous comptons réaliser un documentaire de 45 minutes qui retracera notre parcours. Ce film montrera les initiatives innovantes que nous avons découvertes un peu dans l’esprit du documentaire Demain de Cyril Dion. Nous voulons aussi donner la parole aux jeunes. Nous allons les interviewer pour essayer de comprendre comment notre génération vit ces problématiques autour de l’alimentation durable. Comment voient-ils leur consommation ? Est-ce important pour eux de continuer à manger de la viande, que pensent-ils du gaspillage alimentaire ? ….
Où allez-vous le diffuser ?
Il sera diffusé dans notre école et sur Internet. Ce film servira de lancement à la campagne sur le développement durable que nous allons mettre en place dans l’école.
Peux-tu nous en dire plus sur cette campagne ?
Nous voulons mettre en œuvre des actions dans l’école. Nous aimerions créer un outil de calcul de l’empreinte carbone des étudiants sur le campus. L’idée est que chacun puisse calculer son empreine carbone quotidienne en fonction de ce qu’il a pris le midi à la cafet, le nombre de café bu à la machine à café etc… Bien sûr, nous voulons aussi proposer un plan d’action pour les aider à réduire cette empreinte. On aimerait aussi proposer des partenariats avec la cafétéria pour qu’elle remplace certains de ses produits par d’autres plus écologiques ou en circuit-court.
Désirez-vous, vous aussi, devenir des entrepreneuses du changement ?
Bien sûr ce voyage va nous permettre de nous poser les bonnes questions avant de nous lancer dans la vie professionnelle. Nous avons envie d’explorer ce qui nous intéresse et voir si il y a des choses à faire. Si pendant ce voyage, nous nous rendons compte qu’il y a une action dans laquelle on désire de s’investir et pour laquelle il y a un besoin, il est possible que l’on se motive pour monter un projet. Quoiqu’il en soit, on ne reviendra pas à la case départ. Ce voyage va certainement nous changer. Nous allons nous investir pendant plusieurs mois sur le sujet de l’alimentation durable, ça n’est pas pour revenir à un mode de vie identique en rentrant !
Et sinon, il reste une place dans la voiture ?
Vous avez envie d’aider Julie, Juliette et Lucie à réaliser leur rêve ? Vous pouvez leur donner un coup de pouce en participant à leur campagne de financement participatif sur hello asso.
Vous pouvez aussi les suivre sur la page Facebook de 10 milliards à table ou sur leur compte Instagram
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