Jardinage en ville : Valéry Tsimba éduque à la terre et au goût
Cette semaine, je suis heureuse de vous présenter Valéry Tsimba. Passionnée et passionnante, elle a créé il y a deux ans l’association « Le jardin nourricier ». Son but ? Encourager la pratique du jardinage en ville. Je l’ai rencontrée à la maison de la famille de Courbevoie où elle a créé un jardin pédagogique dans lequel elle organise des ateliers parents/enfants. Au milieu des cosmos resplendissants, des soucis dorés, des courges, des tomates, des haricots… elle m’a raconté son histoire et surtout ce besoin absolu de transmettre sa passion de la terre et du goût.
Je suis née au Congo à Brazzaville et je suis arrivée en France à l’âge de 7 ans. J’ai quitté une capitale, certes, mais beaucoup moins urbanisée qu’ici. Petite, je vivais à Neuilly Plaisance dans le 93. J’y ai fait une partie de ma scolarité. Si je devais donner un moment fondateur de mon amour pour la nature, je dirais que la colonie de vacances que j’ai faite dans les Alpes lorsque j’étais enfant en est un. J’ai particulièrement été marquée par une randonnée. Nous étions passés dans une forêt où l’on ne voyait que du vert. Ce moment me revient souvent en tête. Mais je crois que j’ai toujours eu le goût du jardinage. Pourtant chez moi personne ne jardinait. J’ai commencé à m’y intéresser à travers les livres que je dévorais sans toutefois avoir de lieu pour jardiner. Mais j’ai vraiment débuté le jardinage en ville en mettant des balconnières sur les rebords de fenêtre lorsque je me suis installée dans mon premier appartement.
J’ai commencé le jardinage en ville en adhérent à un jardin partagé
Ma passion a grandi comme cela, sans accès à un jardin. Lorsque j’ai déménagé à Courbevoie, ma priorité a été de trouver un appartement avec un balcon ! Je pouvais enfin jardiner en ville. En 2013, la ville de Courbevoie a lancé les premiers jardins partagés. Ce n’était pas très loin de chez moi. C’est la fille d’un collègue de travail qui m’en a parlé. Elle m’a proposé de venir à la réunion d’information. Le hasard fait bien les choses ! J’ai adhéré à ce jardin dans lequel j’avais une parcelle de 3m2. J’ai ainsi pu faire du jardinage en ville pendant plusieurs années. En parallèle, je me suis investie bénévolement dans la vie du jardin en devenant trésorière, animatrice puis coordinatrice et référente auprès de la ville.
J’ai monté mon association pour donner aux citadins le goût du jardinage en ville
Pendant toutes ces années, j’avais développé un savoir, des connaissances, des compétences. J’avais envie de transmettre cela. Mais j’ai mis deux ans à me sentir prête à monter cette association. A travers elle, je désirais encourager et transmettre le goût du jardinage en ville. Car même en milieu urbain, il y a un potentiel énorme entre les rebords de fenêtre et les balcons. Je rêve que de plus en plus de citadins se lancent ! Quand j’ai créée l’association, je suis allée la référencer à la mairie. J’ai rencontré l’élue en charge de la vie associative qui a tout de suite pensé que je pourrais travailler avec la maison de la famille. Isabelle Brunet, directrice de cette structure dédiée à la parentalité, avait très envie d’y accueillir un jardin.
Valéry a créé un atelier de jardinage parents/enfants au sein de la maison de la famille
J’ai donc rencontré Isabelle. Nous avons travaillé ensemble pendant 6 mois sur le projet d’ateliers de jardinage parents/enfants. L’activité a démarré en septembre 2018 à raison d’un atelier par mois. Au fil des semaines, j’ai eu de plus en plus de demandes. Face au succès, j’ai dû demander d’autres dates. Depuis cette année, j’ai également reçu une subvention de la ville qui me permet de faire appel à Céline Tuo, cuisinière professionnelle. Ensemble, nous proposons aux enfants des ateliers du potager à l’assiette.
J’aime transmettre et partager le fruit de mon expérience
En mars, j’ai proposé une formation « potager de balcon » pour les personnes qui veulent se lancer et ne savent pas par où commencer. J’aime transmettre mon expérience et partager le fruit de mes tests dans un contexte urbain en pleine terre ou sur mon balcon. Par exemple, les petits pois et fèves sont censés être semés en février/mars en Ile de France. Mais dans mon contexte urbain, je les sème d’octobre à novembre. Il n’y a pas de gel. Même s’il fait froid cela ne dure jamais très longtemps.
Cette informaticienne à deux métiers à temps plein
J’interviens également dans les jardins familiaux, dans une ferme urbaine et un collège à Gennevilliers. Je travaille en parallèle dans l’informatique. Ces dernières années, mon temps se répartissait entre mon travail et les jardins. C’est un peu comme si j’avais un double emploi. Mais cette année, j’ai eu envie d’avoir plus de temps pour le jardinage. J’ai alors souhaité avoir plus de temps pour mes différents projets de jardinage. J’ai donc demandé un temps partiel. J’ai dorénavant une journée de libre par semaine à consacrer entièrement à ma passion. J’en avais vraiment besoin car cela devenait trop compliqué de gérer à la fois la vie professionnelle et la vie associative.
J’aime montrer aux enfants la diversité de la nature
Valéry et moi nous promenons dans ce délicieux jardin que j’imagine colonisé certains dimanches par les petites mains vertes. Son sourire s’illumine de plaisir en racontant la bouille réjouit de ces jeunes citadins lorsqu’ils envahissent les allées du potager. « J’aime montrer aux enfants la diversité de la nature. Je cultive avec eux des légumes qu’on ne trouve pas dans le commerce comme cette laitue d’hiver moucheté verte à tâche rouge qui est très savoureuse. J’ai planté aussi diverses variétés de tomates pour leur montrer qu’elles peuvent avoir différentes tailles, couleurs, formes.
Je suis les saisons afin que les enfants aient conscience de la saisonnalité des plantes
Tous les ans, nous cultivons aussi du maïs : le glass Gem. C’est une variété multicolore. Quand ils ouvrent leur épi, ils découvrent ébahi des couleures différentes. Les enfants sont ravis. Chaque maïs est une pochette surprise ! Je leur fais aussi découvrir des fleurs comestibles. On n’a pas l’habitude de manger des fleurs comme par exemple la fleur de roquette. Ils se rendent compte que cela a le goût de la roquette mais en plus subtile. Et puis, bien sûr, on suit les saisons. Cela permet aux enfants d’avoir conscience de la saisonnalité des plantes.
Mon but : éduquer leur palais à la diversité des goûts
Je veux qu’ils goûtent les légumes afin d’éduquer leur palais à la diversité des saveurs. En septembre nous avons fait une dégustation de tomates. Une petite fille de 3 ans ne voulait pas en manger mais son papa a insisté. Elle les a finalement trouvé délicieuses. Depuis elle adore les tomates. J’ai envie qu’ils aient cette expérience gustative car aujourd’hui notre palais est complètement modifié. On mange tant d’aliments industriels. Certains fruits et légumes vendus en toute saison sont plantés hors sol et cueillis trop tôt perdant ainsi toute leur qualité gustative. Notre goût est faussé. A travers ces ateliers, je veux permettre aux enfants de goûter autre chose que les aliments des supermarchés. C’est important de leur donner cette éducation dès l’enfance. J’espère qu’ils développeront ainsi leurs papilles gustatives ainsi qu’un intérêt pour bien s’alimenter.
Les enfants sont très demandeurs de ces ateliers de jardinage en ville
Les parents qui s’inscrivent à ces ateliers de jardinage en ville viennent pour partager cette activité avec leurs enfants. Pour certains, cela leur rappelle leur enfance quand ils allaient chez leurs grands-parents. Ils souhaitent offrir cette expérience à leurs enfants car cette transmission s’est souvent perdue. C’est donc très important dès le plus jeune âge de proposer ces activités de jardinage. Heureusement de plus en plus d’écoles créent des potagers. Les enfants sont ravis de mettre les mains dans la terre, de goûter le fruit de leur travail. Ils sont très demandeurs. D’ailleurs, je vais aussi intervenir dans un lycée professionnel qui prépare au CAP Petite Enfance afin de faire un retour d’expérience et de sensibiliser les futures assistantes maternelles. Cela serait chouette qu’il y ait plus de potagers dans les crèches.
Un jardin nourricier pour nourrir l’âme et le coeur
Isabelle, la directrice de la maison de la famille est venue nous rejoindre. Elle est sous le charme et ne tarit pas d’éloges sur Valéry : « Vous voyez pourquoi les enfants et les parents viennent 3 ou 4 fois par mois. C’est un puits de science. Ces ateliers créent du lien social. Les familles se rencontrent autour d’un savoir qui se transmet des grands aux petits ». Mais pour moi, son « Jardin nourricier » fait bien plus que transmettre des connaissances et régaler les palais. Il essaime dans l’esprit de ces jeunes générations des petites graines de bonheur et de partage. Des madeleines de Proust qui, je l’espère, les aideront à grandir en harmonie avec la nature.
Suivez le jardin nourricier sur Instagram @lejardinnourricier et sur sa page Facebook
3 Comments
Merci Valéry !
Objectif « Encourager la pratique du jardinage en ville » atteint !
Merci beaucoup pour ce beau partage. Une expérience que j’aimerais faire mienne, j’habite en appartement avec un balcon j’ai acheté les bacs et le terreau mais je ne sais pas par où commencer. Merci d’avance pour votre aide!…..
Lisez l’article du blog : creer-un-potager-sur-son-balcon : les conseils de Valéry Tsimba
Vous y trouverez plein de conseils pour démarrer !