La Cité universitaire internationale est un lieu unique de la capitale. Les étudiants français et étrangers ont la chance de vivre dans une enclave verte et calme en plein Paris. En 2014, des résidents de la Cité ont eu envie de créer un lieu de rencontre et de partage culturel. Et quoi de plus beau qu’un jardin ! Depuis la bande est partie mais le « Jardin du monde » est resté. Cette année, c’est Manon qui a la lourde charge de préserver l’âme et l’esprit ouvert et cosmopolite du jardin partagé. J’ai passé un dimanche après-midi en sa compagnie. Au programme cueillette du houblon et atelier bouture sous la serre.
« C’est à côté des tennis, vous ne pouvez pas le rater » m’avait prévenu Manon par SMS le matin même. Et effectivement, en s’enfonçant dans l’immense parc de la Cité universitaire internationale, on aperçoit tout de suite la belle serre qui émerge au milieu des arbres. Il est 15h00, le ciel ne semble pas encore avoir décidé si il penchait côté pluie ou côté Soleil. Mais Manon cachée derrière son masque est au rendez-vous.
Manon est la nouvelle présidente du jardin du monde
Etudiante en master 1 de géographie social et culturel à l’université de Marne la Vallée et Paris est Créteil, elle a pris la présidence du jardin depuis septembre. Une drôle d’année marquée par la Covid et l’absence d’un grand nombre d’étudiants étrangers. « L’année dernière, j’ai passé deux mois à la cité universitaire. J’ai participé au ramassage du houblon. C’est comme cela que j’ai rencontré Léopold et Pierre, les deux précédents responsables du jardin. On est vite devenu vite amis et ils m’ont dit : tu seras la prochaine présidente du jardin. Et voilà ! Un an après, la prédiction s’est réalisée. », m’explique-t-elle.
Tout le monde peut venir y compris les personnes extérieures à la Cité universitaire
La particularité de ce jardin est qu’il est ouvert à tout le monde y compris aux personnes extérieures à la cité universitaire. Nous avons par exemple une bénévole, Marie, qui est très investie depuis plusieurs années. Elle habite le quartier. Le jardin a tenu grâce à elle pendant le confinement. On ne sait pas combien de personnes s’occupent vraiment du jardin. Certains viennent une fois, trouvent cela génial, nous promettent de revenir, puis disparaissent ! D’autres au contraire, sont plus discrets mais reviennent !
Ensemble, on apprend et on partage nos connaissances
« J’aime bien l’idée qu’il y ait un espace ouvert à tout le monde et que chacun puisse partager ses connaissances. On y cultive de manière collective. Il n’y a pas de parcelles individuelles. Personnellement, je n’y connais rien en jardinage. On s’enrichit les uns des autres du peu de savoir que l’on a. On cherche sur Internet. Aujourd’hui, nous allons faire des boutures. »
« Ce jardin du monde est surtout celui des amateurs », s’exclame Julien qui a pourtant l’air de bien s’y connaître en bouture. Mais ajoute Manon « Le but n’est pas de nourrir toute la cité U mais simplement de mettre les mains dans la terre. On plante surtout beaucoup de plantes aromatiques ! On peut faire un nombre infini de tisanes avec la menthe marocaine et la verveine du jardin. »
On peut venir y discuter, échanger, lire
Le ciel a finalement penché côté pluie et nous nous abritons dans la serre. Vieux canapé, chaises en rotin nous tendent les bras. On se sent bien sous cette serre. « Elle est ouverte à tous, même à ceux qui n’aiment pas jardiner. On peut venir y discuter, échanger, lire. J’essaie d’ouvrir tous les dimanches après-midi mais les résidents peuvent venir quand ils veulent. Il suffit d’aller récupérer les clés puis s’y s’installer tranquillement. C’est vraiment précieux d’avoir un endroit comme cela. »
En temps normal, ce jardin partagé est un vrai lieu de vie
Des bouteilles de bière vides en rang d’oignon sur la table trahissent une soirée bien arrosée. « En rangeant la serre, nous avons retrouvé le week-end dernier quelques bouteilles de bière de l’année dernière. Elles ont été fabriquées avec le houblon du jardin par la brasserie Bierocratie. D’habitude, nous organisons une journée festive avec ramassage du houblon suivi d’un atelier pour apprendre à brasser et fabriquer la bière. On fait aussi des barbecues, des repas partagés. C’est un vrai lieu de vie. Mais rien de tout cela n’a été organisé cette année.
Avec la Covid tout s’est arrêté et cela rend difficile le recrutement de nouveaux bénévoles
Avec le covid tout s’est arrêté et cela rend difficile le recrutement de nouveaux bénévoles. Il y a eu le confinement puis les vacances d’été. il faut récréer une dynamique, trouver des nouvelles personnes investies. Cela prend du temps. Pour l’instant on n’est pas très nombreux.
Pour le moment, j’en parle dans mon réseau mais il faudrait que je fasse une vraie campagne de pub avec des affiches pour faire venir les gens.
L’histoire du jardin raconté par Damien Deville
Ce jardin a été créé en 2014 ans par Damien Deville et Aubin Garcia. Damien que j’ai interviewé sur ce site, a gentiment accepté de revenir sur cette épopée.
J’avais envie de développer un lieu de rencontre et de partage culturel mais aussi un lieu d’éducation à l’écologie. Quoi de plus beau qu’un jardin !
« Je suis resté 3 ans en tant que résident à la Cité Universitaire. A cette époque, je rentrais de l’étranger et je voulais m’engager dans la vie culturelle et citoyenne de la Cité. Je trouvais qu’il y avait peu de brassage entre les différentes maisons et j’avais envie de créer des liens entre les étudiants. La deuxième année de mon arrivée, j’ai été élu président de l’assemblée générale des résidents (devenu le bureau des étudiants) et Aubin était vice-président. Tous les deux, nous avions à cœur de développer un projet de rencontre et de partage culturel entre les résidents mais aussi un lieu d’éducation à l’écologie. Et quoi de plus beau qu’un jardin !
L’aménagement de la serre a été toute une épopée
La création du jardin a été le projet phare de notre mandat. Nous étions 3 au démarrage du projet. A la fin de l’année, 40 personnes avaient rejoint l’équipe et beaucoup d’autres s’occupaient du jardin ! L’aménagement de la serre a été toute une épopée. Nous voulions en faire un lieu chaleureux et beau qui donne envie de s’installer pour y lire, discuter, passer de bons moments. Nous avons fait le tour des maisons pour récupérer des meubles et du matériel. Les directeurs des maisons nous ont beaucoup aidé. Nous voulions aussi que le processus de construction soit un moment de partage. Tout s’est fait de manière collaborative. Beaucoup de monde est venu participer au chantier !
La vache à lait est devenue un lieu célèbre de la Cité U
Le jardin a été inauguré en 2014 en grande pompe ! Résidents, directeurs de maison… 300 personnes sont venues à l’inauguration. Nous l’avons ensuite fait vivre avec des ateliers de jardinage et des événements culturels qui avaient beaucoup de succès. Il pouvait y avoir jusqu’à 400 personnes qui passaient lors de ces fêtes. Tous les jeudi, le bar était ouvert. Ce bar avait été nommé « La vache à lait ». C’est devenu un lieu célèbre de la Cité U. On allait boire un verre à « La vache à lait » ! Nous avons aussi organisé des rencontres entre habitants du quartier et résidents de la Cité. Un artiste a réalisé une œuvre sur un des murs du jardin. Bref, ce jardin est devenu un vrai lieu de vie et de partage tel que nous le rêvions.
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