
Cette semaine, offrez-vous une bouffée d’oxygène et un moment de poésie. Je vous invite à découvrir le bel ouvrage de Raphaèle Bernard-Bacot : « Jardiniers des villes, portraits croqués sur le vif ».
Pour gagner le livre de Raphaèle Bernard-Bacot, rendez-vous sur mon compte Instagram @lavilleestmonjardin jusqu’au 30 septembre !
Raphaele Bernard-Bacot n’est ni journaliste, ni écrivain, ni photographe. Elle est artiste peintre mais une artiste butineuse comme elle aime à se définir. Jardins associatifs, partagés ou familiaux, jardin sur les toits, fermes urbaines… pendant deux ans, elle a voleté d’un potager à l’autre dans Paris et sa région pour aller à la rencontre des passionnés qui les font vivre. Elle a eu la belle idée de les croquer sur le vif au gré de son inspiration. Son livre relate ainsi avec beaucoup de poésie et de tendresse ses rencontres au jardin. Son projet, vous l’imaginez a raisonné en moi. Je voulais absolument la rencontrer. Par une belle matinée de septembre, elle a accepté de m’ouvrir la porte de son atelier, bien dissimulé dans une ruelle verdoyante de la banlieue parisienne. Autour d’un thé, nous avons partagé nos histoires de jardiniers, nos émotions, nos expériences.

Raphaèle, comment t’es venue cette idée de croquer les jardiniers urbains ?
Je suis artiste peintre. Comme tous les artistes, j’ai des cycles de dessins. Je réalise des séries. J’ai d’abord beaucoup dessiné les danseurs et la danse. Ce projet m’a permis d’apprendre à dessiner sur le vif des croquis. Cet exercice m’a donné une certaine agilité. Mais cela devenait compliqué pour moi de suivre les danseurs. Je cherchais une autre idée. J’ai la chance d’habiter dans une maison avec un jardin et de pouvoir admirer ce très beau cognassier devant l’atelier. Un jour, en butant dans un coing tombé de l’arbre, j’ai eu un déclic. Je me suis dit pourquoi ne pas dessiner des fruits.
Tout a donc commencé par un coing dans un jardin ?
Oui ! J’ai d’abord commencé par réaliser des pastels. Je faisais des portraits de fruits. J’ai appelé cette série « fruits dansés ». Je cherchais de la matière. Je me suis tournée vers le potager du roi à Versailles. C’était merveilleux de voir toute cette diversité. En étoffant ma collection de fruits, je me suis rendue compte que j’avais besoin d’un aide mémoire pour me souvenir de tous les petits détails que j’apprenais sur eux. J’ai donc commencé à faire des carnets de bord. Je ne posais pas vraiment de questions aux jardiniers car je venais toujours le jour du marché. Ils étaient souvent débordés. J’essayais de me faire discrète. J’écoutais, je dessinais et notais les phrases que je glanais à gauche à droite.
J’ai commencé à faire des petits carnets de bord. Je notais les phrases que je glanais à gauche à droite
Comment es-tu passée des fruits dansés aux jardiniers urbains ?
J’ai dessiné au potager du roi pendant 5 ans. Puis j’ai eu envie de diversifier mon approche. Je me suis d’abord intéressée aux potagers familiaux de Saint-Cloud qui sont d’anciens potagers ouvriers. C’était à côté de chez moi. J’y allais en vélo pendant les grèves. Et là c’était merveilleux. J’y allais un peu au petit bonheur la chance sans vraiment savoir si il y aurait quelqu’un. J’y trouvais toujours un jardinier. Personne n’a jamais refusé que je le dessine. Petit à petit, j’ai étendu ma recherche à d’autres villes d’Ile-de-France et à Paris. Plus j’allais à la découverte de ces jardins, plus je me rendais compte de leur diversité. Ils sont vraiment le reflet du jardinier qui s’en occupe.
Quelle a été ton approche en te lançant dans ce projet ?
Le fil directeur de ce projet était de faire une espèce de petit reportage dessiné qui mette en valeur la diversité des motivations et des histoires. Après deux ans à dénicher les jardins et leur jardinier, je peux définir différentes typologies.

Dans les grandes lignes, quelles sont-elles ?
Il y a les potagers insolites, poétiques, les potagers pour être ensemble, pour transmettre, pour cultiver ses attaches, les potagers d’entreprise, d’insertion, les potagers contemporains, les potagers thérapeutiques. Chaque jardinier à sa raison d’être dans le jardin. L’un d’entre eux me disait « je fais un jardin pour les potes », un autre « pour ne pas rester dans mon canapé », un troisième « pour offrir chaque jour des fleurs à ma femme. » Chaque rencontre est unique et chaque histoire est merveilleuse.
Comment travailles-tu ?
Je vais dans les jardins et je demande au jardinier si je peux le dessiner pendant qu’il jardine. En général, je reste une heure et réalise une seule planche par jardin. Je croque sur le vif et je ne fais pas de retouche. Je ponctue ce dessin de petites notes écrites. C’est ma signature artistique. Je ne fais pas d’interviews, je n’enregistre pas. J’écoute, j’observe et je prends des notes. On apprend beaucoup sur la personne par le choix des plantes qu’elle cultive, par la façon dont elle jardine. J’ai visité ainsi en deux ans 75 jardins. Pour le livre, j’ai sélectionné 54 planches.
Tu nous donnes l’eau à la bouche ! Peux-tu nous raconter quelques histoires ?
C’est difficile de choisir ! Il y a par exemple, Yacoub, un migrant d’origine érythréenne qui a trouvé refuge auprès de l’association SOS accueil à Versailles. Lorsque la ville a proposé un terrain à l’association, il a transformé cette friche en potager. Il y va chaque jour. C’est un passionné. Tous les enfants du quartier le connaissent. Il y a aussi la fée Agnès qui a su préserver le jardin de Georgette Boeuf. Cette dame a légué son jardin à la ville sous condition que celle-ci y préserve un espace vert. Agnès et les enfants du centre de loisir ont transformé ce jardin en forêt magique. Tu vois chaque rencontre est extraordinaire !
Vous pouvez aussi retrouver dans ce livre le portrait de Florence et son jardin d’Amélie à Meudon.
Où rencontrer Raphaele ?
16 septembre : signature à la librairie Lardanchet (Paris 8eme)
Dimanche 20 septembre : Salon du Livre de Jardin Domaine d’Orves
à Toulon – Signature 10h à 18h et Atelier à 11h
Samedi 26 et dimanche 27 septembre : Jardins en Seine – Suresnes
29 septembre : Conférence à la Recyclerie : « Jardinage en ville : une utopie écologique et sociale ? » avec Frédérique Basset, Isabelle Launet et Olivier Fontenas, le responsable de la ferme urbaine de la Recyclerie. Sur réservation
Samedi 3 Octobre : Journée des plantes et Art du Jardin – Jossigny
Pour découvrir beaucoup d’autres belles histoires

« Jardiniers des villes, portraits croqués sur le vif »
Raphaèle Bernard-Bacot, ed. Rue de l’échiquier.
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