Parfois au détour d’une rencontre, une porte s’ouvre vers un autre espace temps. Ainsi à Paris, il arrive que derrière les façades des immeubles se cachent un oasis de verdure. Aline m’a ouvert la porte de son immeuble pour me faire découvrir une jolie cour qu’elle végétalise avec passion depuis 3 ans. Comme de plus en plus de citadins, elle a besoin de verdure et de nature pour se sentir bien. Lorsqu’elle est venue habiter dans cet appartement du XXème arrondissement de Paris, végétaliser la cour tristounette de son immeuble lui a apporté la paix. Elle en a fait un petit poumon vert pour son bonheur et celui des résidents.
Depuis combien de temps habitez-vous cet immeuble du XXème arrondissement de Paris ?
J’habite le rez-de-chaussée de cet immeuble depuis 3 ans. J’ai demandé aux autres propriétaires le droit de végétaliser la cour de l’immeuble. J’aime jardiner. J’habite Paris depuis longtemps et j’ai toujours mis de la verdure dans les lieux où j’ai habité.
Cela ne donne-t-il pas le sentiment de vous approprier cet espace qui en réalité n’est pas privatif ?
Mon attention n’est pas de privatiser la cour. J’y fais attention. Je veux que ça soit un lieu de partage. Je mets des chaises. J’aimerai que les gens se l’approprient et que cet espace devienne aussi leur jardin. Mais je sais que cela va prendre du temps. Lorsque les gens descendent leur poubelle, ils s’arrêtent, on parle. On me demande parfois des boutures ou le nom des plantes. C’est toujours un plaisir de partager cette passion avec les gens.
Comment faire pour végétaliser la cour de son immeuble ?
Au début, j’achetais des plantes mais c’est trop cher ! Surtout à Paris. Les fleuristes ont tendance à exagérer sur les prix. J’ai donc commencé à récupérer des plantes soldées qui étaient entrain de mourir comme cette clématite ou ce lierre. J’achète aussi en fin de saison. Les plantes sont défleuries mais je sais qu’elles seront belles l’année prochaine. Les gens de la co-propriété me donnent aussi des plantes. On me donne des boutures. Je fais du marcottage pour échanger. Je ramène aussi des plantes de Bretagne où je vais souvent. J’achète des petites plantes qui sont moins chères. Ensuite, le temps fait son oeuvre. J’ai aussi récupéré dans la rue tous les pots que vous voyez. Je fais beaucoup de recup. Si on ne fait pas attention cela peut vraiment coûter cher.
Comment organisez-vous vos plantations ?
Je réfléchis à la répartition dans le temps des floraisons pour avoir des plantes fleuries toute l’année. Je cherche aussi des plantes odorantes. Je suis très attachée à l’odeur des fleurs. Ce jasmin par exemple, quand on est en dessous cela sent si bon, c’est merveilleux. Ici, il y a un géranium dont les feuilles sentent bons. Avec la verveine, je fais des tisanes. Je cherche aussi des plantes qui attirent les oiseaux comme ce cotonéaster.
Quel est votre secret pour créer cette végétation luxuriante ?
Il faut du temps et de la patience. Cela fait trois ans que j’y travaille. Il faut aussi laisser la possibilité aux plantes de se mélanger les unes aux autres pour que cela fasse joli.
Comment faites-vous pour l’arrosage quand vous n’êtes pas là ?
Il y avait un monsieur de l’immeuble qui aime aussi beaucoup les plantes. Il arrosait quand j’étais absente. Mais il est décédé cette année. Je vais partir quelques mois pour mon travail, j’ai demandé aux gens de l’immeuble de venir arroser. Il y a aussi la dame qui vient faire le ménage. Elle aime beaucoup cette cour. Elle arrosera les plantes en même temps que la cour une fois par semaine.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut végétaliser sa cour d’immeuble?
Il faut commencer petit. Pour que ça soit jolie, évitez de faire un alignement de pots. Donnez une forme avec des hauteurs différentes, mettez-les sur des chaises, des morceaux de bois. Comme je le disais tout à l’heure, il faut aussi trouver des fleurs de couleurs différentes.
Est-ce que cela vous demande beaucoup de travail ?
Pendant le confinement j’y ai passé beaucoup de temps. J’ai bichonné les plantes. Mais c’est vrai qu’il est beau en ce moment.
Qu’est-ce que cela vous apporte ?
La paix. Pendant la période de confinement si je n’avais pas eu ce jardin, je crois que j’aurais fait une dépression.
Valérie François
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