Le confinement a réveillé en nous un besoin de retour aux sources. Cuisiner, faire son pain, comprendre d’où vient notre nourriture, remettre les mains dans la terre, créer soi-même son potager. Quelle merveille que de planter et voir pousser ses propres fruits et légumes ! Je n’ai pas échappé à la règle. Plutôt que de fleurir ma petite terrasse avec des plantes décoratives, j’ai eu une envie irrépressible de créer mon propre potager urbain. Pour me conseiller, j’ai fait appel à Florence Battut, permacultrice et cultivatrice de liens. Cette amoureuse des plantes m’a ainsi montré une technique qui permet de réutiliser ses épluchures pour faire un potager en permaculture : la lasagne. Dans votre jardin ou sur votre balcon, lancez-vous avec moi !
Pouvez-vous nous dire qui vous êtes en quelques mots ?
Je suis permacultrice à Meudon dans les Hauts de Seine. Je conçois et aménage des jardins comestibles. J’anime également les jardins lors d’ateliers pédagogiques dans des écoles et des entreprises. Enfin, j’anime des conférences et rencontres-débat sur les sujets qui me passionnent comme la permaculture, la biodiversité, l’alimentation de la graine à l’assiette et le retour à une alimentation locale et saine.
Pour en savoir plus sur le parcours de Florence, lisez aussi son portrait réalisé sur ce blog.
Beaucoup de personnes (dont je faisais partie), pensent ne pas être capables de créer un potager urbain sur leur balcon, et encore moins en permaculture ! Que pouvez-vous nous dire pour nous rassurer ?
Créer son petit potager sur son balcon en permaculture est très facile. Cela demande juste un peu de préparation et bien sûr l’envie de se lancer. Sur un mini espace, on peut obtenir des résultats étonnants. Créer un potager dans un jardin, sur un balcon ou même sur un rebord de fenêtre est une façon ludique et concrète d’enseigner le cycle des saisons et de redécouvrir le vrai goût des fruits et des légumes. C’est un terrain d’expérimentation formidable pour les enfants. C’est aussi une belle leçon de patience car il faut attendre un peu avant d’avoir un système de culture productif. En revanche, rassurez-vous, cela vous demandera peu de temps. Une heure par semaine suffise pour entretenir son petit potager.
Vous dites que l’on peut obtenir des résultats étonnants ? On a du mal à vous croire !
En permaculture, il faut considérer l’espace sur toute sa verticalité : sous la terre, sur le sol et en hauteur. Sur 20 cm2, on peut planter deux plantes qui ne vont pas utiliser la même strate. On peut ainsi imaginer des radis en terre, un couvre sol de salades ou d’aromates et des plantes grimpantes comme des haricots rames, par exemple. Il faut aménager ces espaces en mixant tous cela.
Quelle technique facile à mettre en place, pouvez-vous nous montrer ?
Pendant le confinement, j’ai utilisé une technique de permaculture à la fois simple, écologique et économique : la lasagne. En effet, grâce à cette technique, vous allez pouvoir réutiliser les déchets verts. Vous allez créer un espace comestible et productif à moindre coût avec de la matière organique qui aurait dû être incinérée si elle avait été mise dans la poubelle. Il aurait été dommage de perdre toute cette matière organique qui peut être valorisée et devenir productive.
Nous avons hâte de découvrir cela. Dites-nous tout !
Le principe de la lasagne est simple : créer une zone de compost sur la terre ou dans un pot.
Etape n° 1 : récupérer de la matière sèche
Profitez de vos balades en forêt ou au parc pour ramasser des feuilles mortes, brindilles de bois, gardez vos bouquets de fleurs séchées, demandez à vos voisins, familles ou amis avec un jardin de vous garder les déchets de tonte que vous laisserez sécher. Personnellement, j’ai profité d’une visite chez mes parents en Normandie pour faire le plein de feuilles mortes et de gazon séché.
Etape n° 2 : gardez vos épluchures
Quelques jours avant les plantations, gardez vos épluchures de fruits et de légumes. (Pour aller plus vite, j’ai demandé à mes voisins de me donner leurs épluchures !)
Etape n° 3 : Privilégiez des gros pots
Prenez un pot ou une jardinière. Privilégiez les gros pots. En effet, plus il y a de volumes de terre, plus le pot va sécher lentement, plus les plantes vont s’épanouir et vous aurez de vraies productions. Un grand bac créera un éco-système plus durable que de petites jardinières les unes à côté des autres qu’il faudra arroser tous le temps. Mais bien sûr, si vous n’avez que des rebords de fenêtres, les jardinières feront aussi l’affaire. (De mon côté, j’ai panaché avec ce que j’avais déjà). Pour vous faire des jardinières à moindre coût, pensez aussi à aménager de vieilles caisses en bois.
Etape 4 : Réalisez votre lasagne
Comme dans un composteur, alternez une couche de matière carbonées (paille, feuilles mortes, bouquets de feuilles séchés, bois morts, brindilles, pétales de fleurs) avec une couche d’azote c’est-à-dire vos épluchures fraiches. Il faut toujours commencer par la couche carbonée. Elle absorbe ainsi le liquide de la matière verte et permet une belle aération. Vous pouvez aussi mettre au démarrage des billes d’argiles si vous en avez ou des cailloux.
Etape 5 : Mouillez et tassez
Une fois votre bac rempli au 2/3, mouillez et tassez un peu puis laissez reposer un jour ou deux.
Etape 6 : Ajoutez du terreau
Mettez sur votre lasagne du terreau, et immédiatement dans cette terre vos végétaux afin de bien ancrer les racines. Vous n’avez pas besoin de mettre beaucoup de terre, 5 cm à 10 cm suffisent.
Quels types de plantes pouvez-vous nous conseiller pour notre potager urbain ?
Sur les balcons, privilégiez plutôt des cultures qui demandent des enracinements faibles. Par exemple des aromatiques et des vivaces comme les fraisiers qui donnent deux cultures, une à l’automne et l’autre au printemps. Au milieu de cela, vous pourrez planter une tomate et ajouter deux plants de salade. En les plantant, imaginez la plante à taille adulte. En couvre sol, vous pourrez mettre aussi quelques graines de radis. Dans quelques semaines, vous aurez des radis ! Vous pouvez aussi faire courir sur la rambarde des fleurs comme les capucines.
A lire aussi : créer un potager sur son balcon : les conseils de Valéry Tsimba
Pouvez-vous nous donner quelques conseils selon l’exposition
Si votre potager urbain est exposé au sud, privilégiez les aromates du sud comme l’origan, l’hysope, la sauge, la verveine, le thym, le romarin, la sarriette.
Sur une jardinière à l’ombre ou au nord, mettez du persil, de la ciboulette, de la coriandre, de l’aneth, du fenouil. Mixer les plantes vivaces (qui restent en place année après année comme le thym) et les plantes annuelles (comme le basilic). La première année, les plantes vivaces développent leur système racinaire et ne donnent pas forcément beaucoup de production. Mis une fois acclimatées les plantes offrent de belles récoltes.
Quelles semences faut-il privilégier ? Avez-vous une bonne adresse à nous conseiller ?
Dans la mesure du possible, essayez d’acheter des semences paysannes libres et reproductibles. Vos plants offriront une qualité nutritive incomparable. Elles sont l’héritage d’un savoir faire ancestral que les paysans ont partagé de génération en génération. J’aime beaucoup par exemple le Jardin des Thorains ou l’originalité de Alsagarden ou encore Cycle en terre .
Un dernier conseil à nous donner avant de nous lancer dans ce potager urbain ?
Lorsque vous enlevez les plants de leur pot, démêlez bien les racines de la plantes, un peu comme si vous vouliez la libérer et lui permettre un meilleur ancrage dans la terre. Les racines doivent retomber à la verticale. C’est une étape importante pour que le plant s’intègre bien à la terre et donne le meilleur de lui-même.
Dans quelque temps, vous pourrez déguster et partager vos récoltes ! J’ai hâte de voir cela ! N’hésitez pas à tagger la ville est mon jardin sur Instagram ou à nous donner votre avis en commentaire de cet article.
Merci beaucoup à Florence Battut pour ses précieux conseils.
Si vous voulez en apprendre un peu plus, suivez-la sur Facebook ou sur son compte cultivatrice de liens sur Instagram
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