Je profite de l’émission d’hier soir sur France 2 « Aux arbres citoyens » pour remettre en avant ma rencontre avec Jean-Claude Denard, membre de l’association Chaville Environnement dans les Hauts-de-Seine et surtout intarissable amoureux des arbres. L’occasion parfaite pour reparler des arbres en ville. Nous avons parlé des arbres bien sûr mais surtout de l’enjeu qu’ils représentent dans nos villes et dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Et faites un don à l’association France Nature environnement qui lutte pour la préservation des forêt et de la biodiversité en France.
Barbe blanche, grand chapeau vissé sur la tête, un petit air de Pierre Richard, (vous ne trouvez pas ?), c’est sous la pluie que Jean-Claude Denard m’attend. Il m’a donné rendez-vous dans une des rues du Parc Fourchon à Chaville. Cet ancien domaine a été transformé en lotissement à la fin du XIXème siècle. Il est aujourd’hui doté de belles maisons bourgeoises et de jardins arborés. Jean-Claude en connaît tous les trésors. Erables, bouleaux, saules pleureurs, séquoia à feuilles d’If, cèdres du Liban ou de l’Himalaya… rien n’échappe à son œil averti.
Il a répertorié les espèces d’arbres du parc Fourchon
« Avec une jeune étudiante de première, j’ai réalisé un fascicule « A la découverte des arbres du parc Fourchon » répertoriant les espèces d’arbres intéressantes pour le public. Avec l’aide de la mairie de Chaville, j’ai déjà animé deux balades lors de la Semaine du développement durable et des Journées du patrimoine. Ces balades ont été un franc succès. Ce qui montre l’intérêt des citadins pour les arbres », m’explique-t-il.
Je me sens bien dans la forêt.
Jean-Claude Denard a commencé à s’intéresser aux arbres aux Etats-Unis où il a vécu plusieurs années. « Je suis tombé amoureux des arbres en Californie en admirant les forêts de séquoias à feuilles d’If ». En arrivant à Chaville, lui et sa famille s’installent en lisière de la forêt de Meudon. « Nous allions souvent en forêt. Mais un jour, j’ai décidé de bien regarder autour de moi et je me suis rendu compte qu’après 3 heures, je n’avais fait que 300 mètres tant la nature est riche et tant il est captivant de l’observer. Petit à petit, je me suis formé en autodidacte à l’identification des espèces et à l’observation. Je me sens bien dans la forêt.
J’ai découvert l’indice de biodiversité potentielle (IBP)
Puis, j’ai découvert l’indice de biodiversité potentielle (IBP) créé par deux chercheurs : Laurent Larrieux et Pierre Gonin. Ces deux chercheurs ont établi cet indice qui permet de mesurer la biodiversité de façon indirecte en observant les arbres. Je me suis initié à l’IBP en 2016 et avec Chaville Environnement, nous avons décidé de faire l’inventaire de la forêt de Fausses-reposes. Nous avons incité des bénévoles à nous aider et je les ai formés. Nous avons répertorié toute la forêt en 3 ans avec des étudiants de BTS et quelques bénévoles. Cet énorme travail a pris fin en 2018. »
Faire aimer la forêt aux enfants pour leur apprendre à la respecter
L’an dernier, Jean-Claude a aussi emmené par petit groupe, 250 enfants d’une école primaire de Chaville découvrir les secrets de la forêt. « Nous sommes partis du principe que si nous arrivions à leur faire aimer la nature, ils auraient envie de la respecter », raconte-t-il. Et ce rêve semble s’être concrétisé. En effet, certains enfants y ont ensuite emmené leurs parents afin de leur montrer les trésors cachés de la forêt découverts lors de cette sortie.
Le combat de Jean-Claude : la préservation des arbres en ville
Aujourd’hui le combat de Jean-Claude et de l’association Chaville environnement se porte sur la préservation des arbres en ville et en particulier sur l’allée de platanes et de tilleuls de la RD 910. Le projet prévoit la rénovation de cette route qui traverse plusieurs villes des Hauts de Seine dont Chaville. « Nous nous sommes aperçus en juillet 2019 que le réaménagement de la RD 910 qui était montré comme un projet de végétalisation commençait en réalité par couper tous les arbres (dont 225 à Chaville) qui bordent cette voie. Ils promettent d’en replanter d’autres et même plus. Mais le volume de feuillage d’un arbre de 70 ans n’a rien à voir avec celui d’un jeune arbre. Ce sont les feuilles qui rafraichissent l’atmosphère en tant de canicule. Notre action et la mobilisation des citoyens ont permis d’en sauver 25% mais ce n’est toujours pas acceptable. »
Le principal enjeu des arbres en villes : survivre aux canicules
Le principal enjeu est bien là : survivre aux canicules qui se répètent de plus en plus souvent. « Entre 2000 et 2010, nous n’avons eu qu’une seule canicule en 2003. Rien qu’en 2019, nous avons dû en vivre deux. Les scientifiques du GIEC annoncent des périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes et de plus en plus fortes. Elles pourront durer plus d’un mois d’ici la fin du siècle », insiste-t-il.
Un seul platane a le pouvoir de climatisation de 100 jeunes arbres
« L’arbre est une invention formidable ! Il pompe l’eau de pluie, la remonte grâce à ses racines jusqu’à son feuillage. Celle-ci s’évapore ensuite par les feuilles et rafraichit ainsi l’atmosphère. C’est le phénomène d’évapotranspiration. L’effet climatiseur de l’arbre dépend donc du volume du feuillage. Un seul platane de cette allée a le pouvoir de climatisation de 100 jeunes arbres (6 m de haut et 3m de diamètre de feuillage environ). Il faudrait attendre 2060 pour qu’un jeune arbre puisse bénéficier de la moitié du pouvoir climatiseur des arbres actuels. A combien de canicules devrons-nous faire face d’ici 2060 ? On ne peut pas traiter un arbre comme du mobilier urbain ! Les immeubles et les arbres ont une valeur. Les immeubles parce qu’ils sont chers et les arbres parce qu’ils mettent du temps à pousser. Il faut donc partir de cet acquis précieux pour réaménager l’espace urbain.
Les arbres en ville permettent de lutter contre les ilots de chaleur
« Nos villes sont très minérales, ce qui génèrent des ilots de chaleur. La température en ville peut être jusqu’à 6° plus élevée qu’à la campagne. Lors des canicules, le soleil chauffe le goudron qui absorbe la chaleur le jour. On pense que l’atmosphère se refroidit la nuit. Mais pas suffisamment. La température ne baisse pas ou peu la nuit car le goudron restitue la chaleur emmagasinée le jour. Une canicule est déclarée lorsque pendant au moins trois jours de suite, la température atteint 31° pendant la journée et ne descend pas en dessous de 21° la nuit. Mais si l’on a des arbres en ville, ils font de l’ombre et empêchent ainsi le goudron et la façade des immeubles de trop chauffer. Et surtout, ils refroidissent l’atmosphère la nuit comme le jour grâce à cette fameuse évapotranspiration ! Les arbres sont de véritables climatiseurs naturels ! Autre atout : l’arbre renforce la biodiversité en ville : les oiseaux, les insectes, les chauve-souris en ont besoin. Ils font également partie de notre patrimoine culturel.
Les arbres en ville absorbent la pollution
Une autre qualité des arbres en ville et non des moindre : ils réduisent la pollution. Les arbres absorbent le CO2. Ils rejettent l’oxygène et gardent le carbone. C’est grâce à ce carbone que l’arbre fabrique le bois nécessaire à sa croissance. Plus un arbre grandit, plus il absorbe de carbone. Les particules fines se déposent sur les feuilles. Elles absorbent une partie de la pollution émise par les véhicules à essence et en particulier diesel ainsi que le chauffage au bois qui pollue beaucoup. Plus le feuillage de l’arbre est imposant, plus il en récupère et moins elles vont dans nos poumons !
L’organisation mondiale de la santé préconise 10m2 d’espace végétalisé par habitant
L’arbre est également un bienfait pour la santé. « L’Organisation mondiale de la santé préconise d’ailleurs 10m2 d’espace végétalisé par habitant. Chacun devrait habiter à un moins d’1/4 d’heure d’un espace vert. Tous ceux qui ne sont pas dans ce cas sont estimés comme carencés », affirme Jean-Claude. Hors sur les 37 communes des Hauts de seine, d’après une étude d’Environnement 92, 22 sont carencées.
Alors, les arbres en ville, un enjeu pour le climat ?
Oui, mille fois oui ! Profitez du mois de la forêt pour participer à toutes les actions proposées par l’association Reforect Action et comme Jean-Claude, défendez les arbres dans vos communes !
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