Apiculture urbaine : pour sauver les abeilles, plantons des fleurs sur nos balcons !
Plus 1000 ruches à Paris et 60 millions d’abeilles à nourrir. L’apiculture urbaine se développe mais les ressources en fleurs manquent à Paris et les abeilles ont faim ! A l’occasion de la semaine des fleurs pour les abeilles, Anastasia, bénévole de l’association Happyculteur m’a expliqué ce que nous pouvions faire pour sauver les abeilles.
Pouvez-vous nous expliquer ce que fait votre association Happyculteur pour l’apiculture urbaine ?
L’association Happyculteur a été créée il y a deux ans par Rémi et Leena. Nous ne sommes pas des producteurs de miel ni des éleveurs d’abeilles. Notre objectif premier est de sensibiliser, informer et surtout partager notre passion autour de l’apiculture urbaine. Pour cela, nous avons mis en place plusieurs types d’actions :
- Nous faisons des ateliers de sensibilisation à l’apiculture urbaine tous les week-end du printemps et de l’été afin de faire découvrir l’apiculture urbaine aux citadins.
- Nous avons aussi lancé la première école d’apiculture urbaine. La deuxième promo de 16 élèves sortira en octobre prochain !
- Sur le même principe que le cojardinage, nous allons lancer une plate-forme de mise en relation de particuliers qui auraient un espace à Paris ou en zones péri-urbaines à prêter, avec des apiculteurs qui cherchent des espaces pour installer leurs ruches.
- Enfin, nous avons lancé une campagne : « Des fleurs à tous les coins de ruche » afin d’inciter les parisiens et tous les citadins à planter des fleurs mellifères afin de nourrir les abeilles et en particulier les 60 millions d’abeilles parisiennes qui peinent à trouver de la nourriture.
Pouvez-vous nous rappeler pourquoi l’abeille est si importante pour la biodiversité ?
Les abeilles sont responsables de la pollinisation de 80% de nos espèces végétales. Pour faire simple, il y a dans la nature des fleurs mâles et des fleurs femelles. Lorsque l’abeille butine le nectar d’une fleur mâle, elle récupère sur elle le pollen de cette fleur qui ira se déposer sur l’organe reproducteur, le pistil, de la fleur femelle. C’est une histoire d’amour entre les fleurs et les abeilles qui dure depuis l’éternité. On dit que les fleurs sont odorantes et colorées car elles veulent attirer les insectes sur elles et ainsi se reproduire. C’est pour cela que l’abeille est essentielle.
L’abeille est l’insecte le plus connu mais il y a aussi d’autres insectes pollinisateurs comme les guêpes, les frelons, les fourmis, les papillons, les moucherons, les coccinelles …. ainsi que le vent. Si il n’y a plus d’abeilles nous perdrons 80% de nos fleurs. Nous serons obligés de polliniser manuellement ou avec des drônes ! C’est déjà le cas en Chine.
La semaine des fleurs pour les abeilles commence le 13 juin. Pourquoi cette opération ? N’y a-t-il pas assez de fleurs en ville ?
Actuellement, on recense plus de 1000 ruches à Paris. Il y en a probablement plus car tous les apiculteurs urbains ne déclarent pas leurs ruches. Cela fait plusieurs années que nous pratiquons l’apiculture urbaine à Paris et l’on constate qu’il y a de moins en moins de miel dans les ruches. Ce qui signifie qu’il n’y a pas assez de fleurs pour nourrir les 60 millions d’abeilles parisiennes. De plus, toutes ces abeilles cannibalisent aussi la nourriture des autres insectes pollinisateurs. Cela crée un déséquilibre dans l’écosystème. C’est pourquoi notre association avec tous les acteurs de l’apiculture urbaine et la Mairie de Paris, avons lancé cette campagne pour inciter les parisiens à mettre des fleurs mellifères sur leur balcon.
L’apiculture urbaine est-elle trop développée ? Est-on arrivé à un seuil critique en ce qui concerne les ruches en ville ?
Oui, clairement la question se pose aujourd’hui de savoir si il n’y a pas trop d’abeilles en ville. Partant de ce constat, nous sommes assez partisan de dire qu’il faut arrêter de mettre en place des ruches à Paris intra muros tant que l’on n’a pas planté en masse de nouveaux végétaux. Mieux vaut actuellement implanter de nouvelles ruches sur la première ou deuxième couronne de Paris.
Les abeilles ne seraient-elles pas mieux à la campagne ?
Malheureusement, les abeilles disparaissent des campagnes en grande partie à cause des pesticides. C’est pour cela qu’il y a eu une arrivée massive des apiculteurs et des abeilles en ville. Grâce au plan zéro phyto puis cette année au plan zéro pesticide imposé aux particuliers par la mairie de Paris, les abeilles sont plus heureuses en ville. A la campagne le taux de mortalité des abeilles est de 30% à 40 %. Sur 10 ruches, 3 meurent chaque année en partie à cause des pesticides. A Paris, le taux de mortalité des abeilles n’est que de 5 à 10%.
De plus, à la campagne, si l’on installe une ruche à côté d’un champ, l’abeille ne pollinisera qu’une seule variété de fleurs et sur une période très courte de 3 ou 4 semaines. En ville, les abeilles trouvent à manger une grande partie de l’année car il y a beaucoup plus de variétés de fleurs. De plus, grâce à un temps plus doux (il fait souvent un ou deux degré de plus en ville), la floraison dure aussi plus longtemps. Les abeilles peuvent donc butiner plus longtemps et mieux supporter l’hiver.
Comment peut-on aider les abeilles des villes à se nourrir ?
Il y a plusieurs solutions pour aider les abeilles.
- Tout d’abord, si vous avez un balcon, plantez des fleurs mellifères c’est-à-dire des fleurs qui produisent du nectar et du pollen de qualité pour les abeilles. Il y en a énormément. (liste des fleurs mellifères dans cet article).
- Si vous achetez des graines chez un fleuriste ou dans une jardinerie, méfiez-vous de leur provenance. Favorisez le label bio. Si vous n’avez pas de balcon, vous pouvez fabriquer des bombes à graines et les éparpiller partout en ville.
- On peut aussi agir en achetant un miel de qualité. En France, une grande partie du miel que nous consommons vient de chine, des pays de l’Est ou du Brésil. Et souvent ce n’est pas du vrai miel. Il est coupé avec du sirop de glucose ou du sucre. Pour savoir ce que vous consommez, c’est très simple : regardez l’étiquette du pot. Si vous lisez : mélange UE et hors UE, ne le prenez pas ! Trouvez du vrai bon miel est facile : il y a des boutiques spécialisées comme Miel Factory dans le centre de Paris. Les producteurs de miel sont la plupart du temps sur les marchés. Et en se renseignant on peut certainement trouver un producteur de miel près de chez soi.
- Enfin, en achetant vos légumes et fruits de saison, bio et surtout local, vous favorisez l’installation d’agriculteur urbain et vous aidez ainsi les abeilles à remplir leur garde-manger !
Vous êtes passionné d’apiculture ? L’association Happyculteur recherche toujours des bénévoles pour les aider dans leurs multiples actions.
Leave a reply