Le jardin partagé dans lequel je vous emmène aujourd’hui est un gros coup de coeur. Enclavé entre le centre social, la maison de l’emploi, le stade et les immeubles, le jardin Forestois est une véritable petite bulle verte de calme et de sérénité au cœur d’un quartier de Meudon-la-Forêt. J’ai découvert ce petit paradis grâce à une amie qui vient au beau jour y déjeuner. Comme je la comprends !
L’automne 2018 nous donnait encore un bel arrière goût d’été. Je suis donc allée la retrouver un midi. De quoi oublier l’espace d’une heure que l’on est à deux pas de Paris, des bouchons, du bruit, de la pollution. C’est là que j’ai rencontré André. Il était en équilibre sur une échelle, perché à 2 mètres du sol dans un somptieux figuier. A 72 ans, l’œil rieur et la voix douce, il est l’âme jardinière de ce jardin. En dégustant, les délicieuses figues juteuses et sucrées à point qu’il était entrain de cueillir, il m’a raconté l’histoire de ce jardin et un peu de lui aussi.
Enclavé entre le centre social, la maison de l’emploi, le stade et les immeubles, le jardin Forestois est une véritable petite bulle verte de calme et de sérénité au cœur d’un quartier de Meudon-la-Forêt.
Le jardin partagé : la reconversion d’André
«J’étais métallier dans une usine. Je suis arrivé ici suite à un accident du travail en 2000. Après cet accident, je me suis rendu à la maison de l’emploi qui est juste à côté. En attendant que l’on gère mon dossier, la conseillère m’a suggéré de descendre un peu au jardin pour me changer les idées. C’est ce que j’ai fait. J’ai rencontré deux ou trois personnes qui m’ont parlé de ce qu’elles faisaient. On a beaucoup discuté. A l’époque le jardin n’était pas du tout ce qu’il est aujourd’hui. C’était encore une ébauche. Ca m’a plu. Je suis revenu souvent et finalement, j’ai travaillé un an bénévolement. Je suis un peu touche à tout. J’ai construit la cabane. Ce jardin s’appelait alors le jardin de l’Espoir car il était géré par l’association Espace qui s’occupe d’insertion par l’écologie urbaine. Ils m’ont vu travailler. Au bout d’un an, ils ont décidé de me recruter en CDI.
Je savais ce qu’était un rosier, un géranium ou un bégonia mais c’est tout !
En revanche, je n’y connaissais pas grand-chose en jardinage. Je savais ce qu’était un rosier, un géranium ou un bégonia mais ça se limitait à ça ! J’ai lu beaucoup de livres. Il n’y avait pas encore Internet. J’ai discuté avec beaucoup de jardiniers comme ceux qui s’occupaient de la serre de Meudon. Je me suis fait de nouveaux copains.
Au départ, tout était à faire. On a fait des allées très larges pour faire venir les fauteuils roulants et les poussettes. Mais on n’a eu qu’un seul fauteuil en 20 ans ! Et pas beaucoup de poussettes non plus. En revanche des personnes qui étaient à la clinique de Meudon qui est juste derrière venaient passer un moment sous la tonnelle.
Le jardin de l’Espoir : un jardin d’insertion par le jardinage
On recevait surtout des jeunes en insertion qui restaient un an ou deux jusqu’à ce qu’ils retrouvent du travail. Ca marchait bien ! Ca a même créé des vocations. Moi, j’étais chargé des ateliers bois et bricolage. Il y avait aussi les enfants des écoles qui venaient deux fois par semaine. Quand on leur disait « jardin », certains enfants pensaient « toboggan » ! Ils venaient en blanc ! Mais quand ils s’apercevaient que c’était boueux, c’était la grande rigolade !
Puis les subventions de la mairie et du conseil général ont été coupées. Tout s’est arrêté. J’ai été muté sur les bords de seine pendant deux ans puis comme il fallait construire la 4 voies, je suis parti m’occuper d’un jardin à Versailles. J’y ai travaillé jusqu’à la retraite.
Il y a une cinquantaine de jardiniers dans ce jardin partagé
Depuis quelques années, ce jardin, géré par la mairie de Meudon, est devenu un jardin partagé. Il y a une cinquantaine de jardiniers. Chacun à une parcelle de 10 ou 20 m2. Nous avons également une parcelle commune où tout le monde peut y planter quelque chose. Enfin, il y a une parcelle pédagogique occupée par l’association Espace. Nous avons des fruitiers comme ce magnifique figuier qui a l’âge du jardin, des toilettes sèches, un composteur qui est accessible à tous les gens du quartier et un poulailler que j’ai fabriqué uniquement en matériau de récupération. Deux personnes s’en occupent et récupèrent les œufs de nos 5 poules. Enfin, . Il y a aussi une tonnelle et l’on peut venir y déjeuner le midi. Certains viennent aussi le week-end faire un barbecue. On peut venir avec sa famille, ses amis. Il faut juste connaître quelqu’un du jardin.
Il y a une cinquantaine de jardiniers. Chacun à une parcelle de 10 ou 20 M2. Nous avons aussi une parcelle commune où tout le monde peut y planter quelque chose.
Il y a beaucoup de convivialité et d’entraide dans ce jardin
Lorsqu’il faut entretenir les allées ou élaguer les arbres, chacun s’y met. On transporte tout dans une benne. Les gens font aussi des échanges entre eux. Celui qui a beaucoup de tomates en donne à celui qui a trop de potirons ! On se partage aussi les figues avant que les étourneaux ne les mangent ! Il y a beaucoup de convivialité et d’entraide dans ce jardin. On fait des échanges avec la grainothèque de Meudon ou avec des associations qui nous donnent des graines.
Il y a une américaine qui reçoit des graines des Etats-Unis. Au départ, elle n’y connaissait rien. Aujourd’hui, elle a la plus belle parcelle ! On a aussi une famille portugaise. Lorsqu’ils partent en vacances, leur terrain est quasiment en jachère et quand ils reviennent, en une semaine, tout est déblayé, retourné et planté. On s’aperçoit que cela donne des bons résultats. Moi je voudrais bien aussi aller au Portugal ! D’autres testent des choses. Il y en a un qui a essayé de faire pousser des lentilles et une autre des cacahuètes !
Je viens tous les matins tôt. Je prends mon café ici et j’arrose toutes les parcelles. Surtout en été quand il fait chaud.
J’ai traversé pas mal de galère et ici je me suis posé
Je suis désormais à la retraite mais je crois que je travaille beaucoup plus qu’avant. Je continue à donner des conseils aux jardiniers car beaucoup arrivent en pensant que c’est facile de jardiner. Mais très vite, ils déchantent. Je fais aussi du bricolage. Je viens tous les matins tôt. Je prends mon café ici et j’arrose toutes les parcelles. Tout le monde n’a pas la possibilité de venir arroser chaque jour. Surtout en été quand il fait chaud. J’aime venir dans ce jardin car socialement parlant c’est ce qu’il y a de mieux pour moi. J’ai traversé pas mal de galère et ici je me suis posé. On peut dire que je suis connu comme le loup gris ou noir dans cette ville ! A Meudon quand on dit André, on sait où me trouver. »
Ce portrait vous a plu, partagez-le et donnez envie à vos amis de créer leur petit coin de paradis !
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