J’ai découvert le « Jardin d’Eugénie » en suivant leur compte sur Instagram. Contact pris, je m’y suis rendue à deux reprises et toujours par un temps magnifique. Et surtout toujours à l’heure de l’apéro ! Quel bonheur, en pleine ville de s’asseoir dehors autour d’une table, sous un parasol et d’être entourée de verdure. L’accueil a été chaleureux et joyeux. C’est autour d’un petit verre que j’ai raconté mon projet. Véronique, jardinière active et passionnée de ce joli jardin associatif a accepté de me montrer son travail en se prêtant au jeu des photos.
« J’habite ce quartier depuis 23 ans. Mais bizarrement, je n’avais pas vu qu’il y avait un jardin dans cette rue car je n’y passe jamais. Je connaissais de vue Gwenaële, la présidente de l’association du jardin d’Eugénie, car je la voyais lors du dépouillement au moment des élections dans l’école du quartier. Un jour en revenant du marché, je suis passée par hasard dans la rue et je l’ai aperçue dans ce jardin. Je lui ai posé quelques questions et finalement j’ai décidé de les rejoindre.
Avant j’habitais dans la Beauce et j’avais un jardin
Avant de vivre à Paris, j’habitais dans la Beauce et j’avais un jardin d’1 hectare ! Je m’en suis occupée pendant 6 ans. Quand j’ai commencé je n’y connaissais rien, j’ai appris toute seule et puis c’est devenu une vraie passion. Je m’intéressais beaucoup au jardin anglais et à toutes les variétés de plantes que l’on trouve dans ces jardins. J’essayais d’en récupérer comme je pouvais en allant par exemple à la fête des plantes du château Saint-Jean de Beauregard. A l’époque Internet n’existait pas ! C’est comme cela que j’ai appris à m’occuper d’un jardin.
J’oublie tout quand je jardine
Je vis et je travaille à deux pas du jardin d’Eugénie, c’est donc facile pour moi d’y aller souvent. J’y vais presque tous les jours. Quand je vais faire mes courses, je passe devant. Si je vois qu’il y a quelque chose à faire, je m’arrête. Pour moi ce jardin est un exutoire. Je suis maquettiste indépendante et mon métier peut être assez stressant. Alors, parfois j’arrête tout et je vais passer une demi-heure au jardin. Ca me fait du bien. Ca me défoule physiquement et me repose moralement. J’oublie tout quand je jardine. Et puis c’est gratifiant de réaliser quelque chose qui donne un résultat.
J’aime bien mélanger les fleurs et les légumes.
Je m’en occupe depuis 4 ans. J’aime entretenir ce jardin. Il y a tout le temps quelque chose à faire : semer, planter, tailler, pailler. J’essaie aussi de faire en sorte que le jardin soit joli dans un esprit désordre organisé. Le jardin est assez petit et oblige à mélanger les fleurs et les légumes. Mais finalement, visuellement, je trouve ça beau. J’aimerai en faire un jardin naturaliste. Je travaille aussi beaucoup pour que les abeilles du rucher de la Place des fêtes viennent dans le jardin. J’ai fais pousser des poireaux dans ce but. Elles adorent !
Grâce au jardin, j’apprends la permaculture
Mais surtout, je m’amuse en testant des tas de techniques de jardinage. En m’occupant du jardin d’Eugénie, j’ai rencontré Jean-Paul Potonet, responsable de tous les jardins du XIXème arrondissement. J’ai commencé à lui expliquer les difficultés de planter dans seulement 40 cm de terre composée essentiellement de glaise. Il m’a dit qu’il y avait plein de moyens pour arriver à avoir une terre de meilleure qualité. Il m’a donné beaucoup de conseils et m’a fait découvrir la permaculture.
Grâce à la permaculture, j’ai obtenu une terre survitaminée
J’ai passé tout mon hiver à me former sur Internet. Ca m’a passionné. Je me suis mise à fabriquer ma terre sans passer par le compost. Je me suis octroyée une petite partie du jardin pour tenter des expériences ! J’ai par exemple voulu travailler la terre en l’enrichissant avec des couches alternées d’azote et de carbone. J’ai creusé un trou de 40 cm dans lequel j’ai mis des rondins de bois. J’y ai ajouté de la terre, un peu de compost, des couches d’herbe (Azote) puis des copeaux de bois (carbone) et enfin j’ai recouvert de paille. Cela s’appelle une butte la lasagne. Après 6 mois de repos, j’ai obtenu une terre magnifique, survitaminée. Tout ce que j’ai planté y a poussé de manière incroyable.
Il y a des champignons dans le jardin. Ca veut dire que la terre est bonne
L’année dernière, une dame nous a donné deux plans de courgettes. Je me suis retrouvée avec des légumes monstrueux, des feuilles énormes. Cet hiver, j’ai mis des copeaux de bois sur la terre. Ce qui a créé un effet de paillage et mis les racines au chaud pour l’hiver. Quand le bois se décomposera, cela apportera des nutriments à la terre. Cet automne on avait des champignons dans le jardin. Ca veut dire que la terre est bonne.
Je me suis aussi intéressée aux techniques de potager vertical
Comme le jardin est petit, je me suis dit que cela serait intéressant de planter en hauteur, le long des murs. Faire une sorte de potager vertical ! J’ai fait des expériences avec des tomates dans des pots la tête en bas. J’ai fais courir les courgettes sur les murs en laissant les légumes grossir afin de voir combien de temps la tige pouvait tenir. Si on aménageait tous nos murs de la sorte, on ferait pousser en hauteur beaucoup de légumes. Toutes ces expériences m’amusent beaucoup.
Je connais beaucoup de gens dans le quartier
Grâce au jardin, je connais beaucoup de gens dans le quartier maintenant. Avant, je les croisais mais on ne se parlait pas. Maintenant, les gens viennent me voir et discutent. On me demande des conseils. Je leur donne toutes mes techniques. Ca a créé un lien dans le quartier et c’est vraiment sympa. L’école Montessori venait aussi dans le jardin. Ils ne viennent plus mais les enfants écrivent chaque année des petits poèmes qui sont accrochés aux grilles.
Un jardin ouvert à tout le quartier
Gwenaële, la présidente de l’association a voulu, dès sa création, faire de cet espace un lieu ouvert à tout le quartier. Il a la particularité d’être conçu pour être accessible à tous. Les allées et le terre-plein central permettent ainsi aux fauteuils roulants de circuler. Chacun peut venir y lire, y prendre un apéritif, déjeuner en famille ou entre amis. Et même y organiser un concert ou une fête. Seules obligations : un membre de l’association doit être présent et tout doit être fini à 21h30 !
Portes ouvertes le dimanche de 11h00 à 14h00
28 rue des Lilas – 75019 Paris
jardineugenie@gmail.com
Vous pouvez suivre Véronique et découvrir ses nouvelles expériences sur le compte Instagram du jardin: https://www.instagram.com/jardindeugenie/
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